Chapitre II

 

Le faux Dracula et la belle inconnue s’étaient tournés vers l’objectif et riaient à gorge déployée. Ils avaient l’air de s’amuser comme des petits fous. Fondu. La phrase « À suivre ? » apparaissait brièvement sur l’écran ; le Film était terminé.

Childe ne vit pas les dernières images. Il était trop occupé à gémir, à s’essuyer les yeux, à se moucher et à tousser. L’odeur de vomi le prenait à la gorge. Il faillit s’excuser par réflexe, mais se retint. Il n’avait pas de raison de le faire.

Le préfet n’avait pas vomi, mais il n’était pas très frais.

— Sortons d’ici, dit-il d’une voix enrouée.

Il se leva et se dirigea vers la sortie, en enjambant des flaques de vomissures sur le plancher de la salle de projection. Childe lui emboîta le pas. Les autres flics sortirent à leur suite.

— Nous allons discuter de tout ça, maintenant, dit le préfet. Childe, vous venez avec nous ?

— Je ne demande pas mieux que d’être tenu au courant des progrès de l’enquête, monsieur le préfet, répondit Childe. Mais je ne vois pas en quoi ma présence pourrait vous être utile. Dans l’immédiat, en tout cas.

Childe avait déjà raconté aux flics tout ce qu’il savait sur Matthew Colben. Et il en savait long. Il leur avait également dit ce qu’il savait au sujet de sa disparition, c’est-à-dire rien. Le préfet était grand, maigre, à moitié chauve, et sa moustache noire donnait à son visage en lame de couteau un air mélancolique. Il tiraillait sans arrêt la pointe droite de sa moustache, jamais la gauche. Et pourtant, il était gaucher. Childe avait remarqué ce tic et il s’était posé des questions sur son origine. Qu’aurait répondu le préfet s’il l’avait interrogé sur sa petite manie ?

C’était sans doute un geste purement machinal, qu’il n’aurait pas pu expliquer sans l’aide d’un psychanalyste.

— Vous devez comprendre, Childe, dit le préfet. Pour nous, cette affaire tombe mal. Si elle ne présentait pas un caractère aussi… euh, insolite, je n’aurais même pas pu lui consacrer plus de quelques minutes. Cela dit…

— Je sais, le coupa Childe en hochant la tête. Vos services s’en occuperont plus tard. Je vous remercie d’avoir pris sur votre temps, monsieur le préfet.

— Oh, il ne faut pas se laisser abattre, protesta le préfet. Le sergent Bruin est chargé de l’enquête. Il s’y mettra sérieusement dès qu’il en aura le temps. Vous devez comprendre que…

— Je comprends très bien, fit Childe. Bruin est un ami. Je resterai en contact avec lui. Mais ne vous en faites pas, je ne lui casserai pas les pieds.

— Parfait, parfait !

Le préfet tendit à Childe sa main osseuse. Bien que moite de sueur, elle était glacée.

— Au revoir, fit-il.

Il tourna les talons et se dirigea vers l’ascenseur.

Childe pénétra dans les toilettes. Plusieurs flics, en civil pour la plupart, se rinçaient la bouche pour en chasser le goût du vomi. Le sergent Bruin, lui, n’avait pas été malade. Il sortait d’une des stalles en refermant sa braguette. Son nom[1] lui allait comme un gant. Il avait tout du grizzly, sauf qu’un grizzly devait s’émouvoir beaucoup plus facilement.

Bruin vint se laver les mains au lavabo voisin de celui de Childe.

— Faut que je me grouille, Childe, grogna-t-il. Le préfet veut qu’on expédie la réunion sur l’affaire Colben. On est tous mobilisés sur le smog.

— Vous avez mon numéro et j’ai le vôtre, dit Childe. Il but un deuxième verre d’eau, froissa le gobelet de carton et le jeta dans la poubelle.

— Je peux me servir de ma bagnole, c’est déjà ça. Ils m’ont donné un coupe-file.

— Petit veinard ! fit Bruin, jovial. Il y a plusieurs millions de citoyens qui aimeraient bien pouvoir en dire autant. Allez pas gaspiller l’essence, hein.

— Jusqu’à présent, je n’ai guère eu l’occasion d’en gaspiller, répliqua Childe. Mais je vais m’y mettre.

Bruin abaissa sur lui ses yeux noirs, aussi impénétrables que ceux d’un ours. Ils n’avaient pas l’air humains.

— Vous travaillez pour la gloire, ce coup-ci ? demanda-t-il.

— Forcément, dit Childe. Il n’y a personne pour me payer. Colben était divorcé. Cette affaire est liée à l’affaire Budler, mais Mme Budler m’a appelé hier pour me dire qu’elle se passait de mes services, qu’elle n’en avait plus rien à foutre.

— Peut-être qu’il est mort, fit Bruin. De la même manière que Colben. Ça ne m’étonnerait pas qu’on reçoive un deuxième colis sous peu.

— Moi non plus, admit Childe.

— À bientôt, dit Bruin, en posant sa lourde patte sur l’épaule de Childe. Alors comme ça, vous travaillez pour des prunes ? C’était votre associé, mais vous étiez sur le point de vous séparer. Juste ? Et malgré ça, vous allez rechercher les salopards qui l’ont bousillé ?

— Je ferai de mon mieux, dit Childe.

— Ça fait plaisir d’entendre ça, dit Bruin. Par les temps qui courent, la loyauté c’est plutôt rare. Bruin traîna sa lourde carcasse jusqu’à la sortie ; l’un après l’autre, ses collègues le suivirent et Childe se retrouva seul avec son reflet dans le miroir qui était accroché au-dessus du lavabo. Son pâle visage offrait une ressemblance frappante avec celui de Lord Byron. Depuis l’âge de quatorze ans, cette ressemblance lui avait attiré des tas d’ennuis avec les femmes, et aussi avec des hommes – les uns mus par la jalousie, les autres par le désir. Il s’était un peu empâté, et une longue cicatrice lui déparait la joue gauche. Elle datait du temps où Childe servait dans la Police Militaire, en Corée : un soldat ivre, qu’il voulait embarquer, s’était débattu et lui avait tailladé la joue avec un tesson de bouteille. Il avait les yeux gris foncé et, ce jour-là, injectés de sang. Sous son masque de Byron un peu pâteux, Childe avait le cou épais et les épaules larges. Un visage de poète, se dit-il pour la nième fois, sur un corps de flic. Un corps de « privé ». Comment en était-il arrivé à exercer cette profession dégradante, au lieu de terminer sa vie dans la peau d’un universitaire rangé ? À plonger quotidiennement dans la jungle de la grande ville, sa corruption, sa misère, au lieu de couler des jours paisibles sur un campus provincial ?

Il n’aurait pu répondre à ces questions qu’avec l’aide d’un analyste. Et il était évident qu’il ne voulait pas y répondre, puisqu’il n’en avait jamais consulté un.

Il était convaincu qu’il y avait quelque chose, tout au fond de lui-même, qui prenait plaisir à fréquenter la misère, la douleur, la haine et le sang. Quelque chose qui se nourrissait de ce qu’il y a au monde de plus avilissant. Peut-être qu’il y avait quelque chose en lui, mais il était sûr que ce n’était pas lui, Harald Childe. En tout cas, pas pendant la projection de tout à l’heure.

Il quitta les toilettes et prit l’ascenseur. En sortant, il se rendit compte qu’il était tellement plongé dans ses réflexions qu’il ne savait même pas s’il avait été seul dans l’ascenseur. En se dirigeant vers la sortie, il se secoua pour se réveiller. S’il continuait à se laisser aller comme ça, il finirait avec un couteau entre les omoplates.

Matthew Colben avait été à deux doigts de devenir son ex-associé. Colben était une grande gueule, un vantard, et un coureur fini. Il était capable de laisser une filature en plan pour cavaler derrière une fille. Quand ils avaient formé leur association six ans plus tôt, Colben ne laissait pas ses affaires de cœur interférer avec le boulot. Mais depuis, il avait passé la cinquantaine et il s’était jeté à corps perdu dans la chasse au jupon. Sans doute espérait-il oublier ainsi qu’il vieillissait, qu’il prenait de l’embonpoint et qu’il lui fallait de plus en plus longtemps pour se remettre d’une cuite. Childe le comprenait, mais ne l’excusait pas. Colben pouvait faire tout ce qu’il voulait en dehors du travail, mais en essayant de s’abuser sur son propre compte en se saoulant et en levant des filles, il abusait de la confiance de son associé. Et Childe s’était promis que l’affaire Budler serait la dernière sur laquelle ils travailleraient ensemble.

Mais à présent Colben était mort, et il se pouvait que Budler fût entre les mains de ses assassins. Childe n’avait rien de concret pour vérifier cette hypothèse, mais Colben et Budler avaient disparu en même temps. Et Colben était précisément en train de filer Budler.

Le film avait été posté trois jours plus tôt à Torrance, dans la banlieue sud de Los Angeles. Colben et Budler avaient disparu depuis exactement deux semaines.

Childe acheta un quotidien du matin à la buvette. Dans d’autres circonstances, l’affaire Colben aurait eu droit aux grosses manchettes. Mais le smog l’avait reléguée au bas de la première page. Childe n’était guère pressé de se retrouver dehors ; il s’adossa à un mur et parcourut l’article. Le journaliste avait vu le film, mais il avait pris soin de gommer les détails les plus crus. La presse n’avait pas été admise aux deux projections auxquelles Childe avait assisté, mais Bruin lui avait dit qu’une projection avait été spécialement organisée à son intention. Bruin avait ri de son gros rire d’ours enroué en lui racontant que la moitié des journalistes avait rendu tripes et boyaux.

— Quand je pense qu’il y a dans le tas d’anciens correspondants de guerre ! avait dit Bruin. Mais vous au fait, vous avez fait la Corée. Et comme officier ! Comment se fait-il que vous ayez été malade ?

— Vous n’avez pas eu la queue qui vous remontait dans le ventre ? avait demandé Childe.

— Bah ! Pensez-vous !

— C’est à se demander si vous en avez une, ma parole ! avait conclu Childe.

Bruin s’était fendu la pipe.

L’article, sur deux colonnes, résumait à peu près tout ce que Childe savait, à l’exception des détails choc du film. La voiture de Colben avait été retrouvée dans le parking de la Caisse des Dépôts et Consignations de Beverly Hills. Colben, au moment de sa disparition, était en train de filer Benjamin Budler, un gros avocat d’affaires de Hollywood. La femme de Budler soupçonnait son mari de lui être infidèle (sa maîtresse attitrée était du même avis). Madame Budler avait engagé Childe & Colben, Détectives Privés et les avait chargés de réunir des preuves suffisantes pour qu’elle se tire à son avantage d’un procès en divorce.

Colben avait décrit au magnétophone, qu’il avait toujours dans sa voiture, tous les mouvements de Budler. Au coin d’Olympic Boulevard et de Vétéran Boulevard, l’avocat s’était arrêté pour prendre une brune splendide (Colben donnait d’elle un signalement on ne peut plus détaillé, mais cela n’avait pas suffi aux flics pour l’identifier). Le feu était au vert, mais Budler s’était quand même arrêté. Il était descendu de sa Rolls et il avait ouvert la portière à la mystérieuse inconnue sans se soucier des coups de klaxon de la longue file de voitures qu’il bloquait. La femme était vêtue avec recherche. Colben supposait qu’elle avait garé sa voiture non loin de là, car elle n’était pas du genre à habiter ce quartier miteux.

Budler avait pris Vétéran Boulevard à droite et s’était dirigé vers Santa Monica. Il avait tourné à gauche sur Santa Monica Boulevard et avait traversé la moitié de la localité. Il s’était arrêté à une rue d’un restaurant huppé, réputé pour sa discrétion. La femme était descendue de voiture, et Budler était allé se garer dans une rue transversale. Ensuite, il avait rejoint l’inconnue au restaurant. Ils y étaient entrés séparément, mais ils en étaient ressortis ensemble trois heures plus tard. Budler avait le visage empourpré, il parlait très fort et riait beaucoup. La femme riait aussi, mais elle ne titubait pas. Budler marchait d’un pas mal assuré ; au moment de traverser la rue, il avait trébuché et avait failli se casser la figure.

Le couple avait réintégré la Rolls-Royce. Budler conduisait trop vite et faisait des embardées. Ils avaient remonté Santa Monica Boulevard et s’étaient engagés sur Bedford Drive en direction du Nord.

À partir de là, la bande avait été soigneusement effacée.

Colben avait prétendu avoir pris quelques photos de l’inconnue, au téléobjectif, au moment où elle montait dans la voiture de Budler. L’appareil était bien dans sa voiture, mais la pellicule avait disparu.

La voiture de Colben avait été passée au peigne fin ; les flics n’y avaient pas relevé une seule empreinte. Ils avaient recueilli sur le tapis de caoutchouc quelques miettes de terre dont on pouvait présumer qu’elles provenaient des chaussures de la personne qui avait ramené la voiture jusqu’au parking. L’analyse du labo concluait que la poussière aurait pu venir d’à peu près n’importe où. Quelques fibres de coton, qui s’étaient probablement détachées du chiffon qui avait servi à nettoyer les sièges, n’avaient pas donné de meilleurs résultats.

Quant à la Rolls-Royce de Budler, elle n’avait toujours pas été retrouvée.

Colben était déjà porté disparu depuis deux jours quand les flics avaient découvert qu’il se passait quelque chose d’anormal avec Budler. Sa femme n’avait pas jugé bon d’aviser la police. Elle n’avait pas de raisons d’être inquiète ; il lui arrivait souvent de rester plusieurs jours absent sans donner signe de vie.

Aussitôt qu’elle eut appris que son mari avait peut-être été kidnappé ou assassiné et que sa disparition était probablement liée à celle de Colben, elle avait appelé Childe pour lui dire qu’elle se passerait dorénavant de ses services.

— J’espère bien qu’il est mort, ce salaud ! Tout ce que je demande, c’est qu’ils le retrouvent vite ! avait-elle beuglé au téléphone. Je ne veux pas que son compte en banque reste bloqué indéfiniment ! Ce fric, j’en ai besoin ! C’est qu’il serait capable de rester introuvable et de me laisser avec des procès sur les bras ! Le salaud ! le salaud !

Elle avait continué comme ça pendant un bon moment.

— Je vous enverrai ma note d’honoraires, avait répondu Childe. Ça a été un vrai plaisir de travailler pour vous.

Il avait raccroché avant qu’elle ait eu le temps de recommencer à crier. Il se doutait qu’il ne serait pas réglé tout de suite. Même si Mme Budler lui envoyait un chèque, il ne pourrait probablement pas l’encaisser avant un bon moment. D’après les journaux, les autorités envisageaient de fermer toutes les banques jusqu’à la fin de la crise. Tout le monde protestait, mais même si les banques étaient restées ouvertes, ça n’aurait pas changé grand-chose, puisqu’il n’y avait pas moyen de circuler. Plus personne n’allait à la banque, sauf ceux qui habitaient juste en face de leur agence et les citoyens courageux qui étaient prêts à endurer plusieurs heures de queue pour prendre un autobus bondé.

Childe releva les yeux de son journal. Deux flics en uniforme venaient d’entrer dans le commissariat, encadrant un grand type basané. Les flics portaient des masques à gaz et leur captif levait ses mains menottées comme pour prendre le monde à témoin de son calvaire. Un des flics tenait un autre masque à gaz à la main.

Childe en déduisit que l’homme arrêté s’en était probablement servi pour attaquer un magasin, une banque, ou un mont-de-piété, ou pour se livrer à quelque autre activité pour laquelle il était nécessaire de dissimuler son visage.

Il se demandait pourquoi les flics le faisaient entrer par là. Peut-être l’avaient-ils alpagué un peu plus bas dans la rue, auquel cas il aurait été bien superflu qu’ils se donnent la peine de faire le tour du bâtiment.

Sur ce point au moins, la crise favorisait les activités criminelles. Beaucoup de passants portaient des masques à gaz ou se couvraient le bas du visage de mouchoirs imbibés d’eau. Mais d’un autre côté, les gens qui se baladaient dans les rues se faisaient constamment vérifier et fouiller. Chaque médaille a son revers.

Les deux flics et leur prisonnier toussaient. Le vendeur de journaux se mit à tousser, lui aussi. Childe sentit un chatouillement au fond de sa gorge. Il ne sentait pas le smog, il le pressentait seulement, et c’était assez pour lui donner envie de faire comme les autres.

Il vérifia qu’il avait bien sur lui ses papiers et son permis de circuler. Il ne tenait pas à se trouver démuni en cas de contrôle, comme ça lui était arrivé la veille. Il avait perdu une bonne heure ; après avoir appelé le Q.G., qui leur avait confirmé que Childe était titulaire d’un permis de circuler en règle, les flics l’avaient obligé à retourner chez lui pour y récupérer ses papiers et il était tombé sur un second contrôle en y allant.

Il marcha jusqu’à la porte, son journal sous le bras, regarda à travers les vitres et frissonna. Il aurait beaucoup donné pour être équipé d’une combinaison d’homme-grenouille et de bouteilles d’oxygène. Il ouvrit la porte et plongea dans le brouillard.

Comme une bête
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